ROUMANIE :
LE MUSÉE DU PAYSAN ROUMAIN, UN LIEU D’OUVERTURE DANS LE VISEUR DES
INTÉGRISTES
Le
4 février, la projection du film 120 battements par minute était
interrompue au Musée
du paysan roumain
par des militants
ultra-orthodoxes.
Le 8 février, ces derniers protestaient contre la projection d’un
autre film sur la thématique LGBT. Entretien avec Lila Passima,
l’actuelle directrice intérimaire du MŢR.
Propos
recueillis par Ovidiu Şimonca
Ovidiu
Şimonca (O. Ş.) : Pourquoi n’avez-vous pas déposé plainte
après l’interruption de la projection du film 120
battements par minute ?
Lila
Passima (L. P.) : Je ne fonctionne pas comme cela. Avant de
faire appel aux autorités, je préfère résoudre les problèmes à
l’amiable.
O.
Ş. : Parmi les protestataires, est-ce que quelqu’un a tenté
d’entamer un dialogue avec vous ?
L.
P. : Non ! J’ai juste reçu des emails me sommant de
renoncer à la projection puis, sur les réseaux sociaux, quantité
de réactions négatives véhiculant des calomnies, des attaques
personnelles, des frustrations et de la désinformation.
O.
Ş. : Est-il normal de programmer un film comme « 120
battements à la minute » dans
ce musée ?
L.
P. : Ne pas le diffuser, le censurer, aurait été anormal.
Comment justifier une telle décision, s’agissant de surcroît
d’une œuvre couronnée par des prix internationaux ? Une
partie de la société roumaine n’est peut-être pas préparée
pour se confronter aux dures vérités mises devant les caméras, ce
qui expliquerait la violence des protestataires. Mais ces réalités
produisent des films qui nous secouent et qui nous arrachent au
conformisme habituel de la société.
O.
Ş. : On vous reproche qu’un musée du « paysan
roumain » ne saurait héberger des films sur la thématique
LGBT, car l’homosexualité et le sida seraient étrangers à ce
même paysan.
L.
P. : Le cinéma véhicule une forme culturelle atypique pour un
musée qui, par ses moyens d’expression, propose des thèmes de
réflexion et de débat, autour de réalités qui peuvent être des
drames, des problèmes sociaux, politiques, des problèmes
d’identité, de genre. Sur les plans artistique et documentaire, le
cinéma est plus dynamique, plus ouvert à d’autres formes
d’expression que le musée. Entre 1990 et 2000, le Musée du paysan
roumain était dirigé par Horia Bernea. Depuis, il a évolué et
épousé une nouvelle dynamique, sous l’impulsion d’Irina
Nicolau,
notamment en matière de programmes de recherche et d’actions
culturelles. Puis il y a eu l’administration moins inspirée du
professeur Dinu C. Giurescu qui a mis en danger l’institution, ce
qui a déclenché les protestations en 2004-2005 auxquelles j’ai
moi-même participé.
O.
Ş. : Pour quelle raison aviez-vous protesté ?
L.
P. : J’ai toujours milité pour la spécificité de ce musée
tel qu’il a été conçu par Horia Bernea, mais je n’ai jamais
imaginé qu’il allait être perçu de façon aussi bornée.
Certains considèrent que le paysan roumain est seulement « chrétien
et orthodoxe » et que le Musée du paysan est un « temple
du christianisme » ou un « temple du paysan ». Rien
n’aurait été plus étranger à Horia Bernea que la notion de
musée-temple.
Bien
au contraire, il a œuvré pour l’ouverture, et avec un certain
succès à en juger par le prestigieux prix européen reçu par le
MŢR. Après avoir visité des musées du monde entier, je peux
affirmer que le nôtre est l’un des plus imaginatifs et des plus
créateurs. Un musée, ce n’est pas quelque chose d’immuable. Les
réalités rurales, urbaines et le monde en général ont beaucoup
changé depuis le début des années 1990. Nombre de malentendus à
propos du musée sont dus à l’interprétation hors contexte de
certaines citations du discours de Horia Bernea et à la
méconnaissance de l’histoire de l’institution. Cela a généré
des réactions excessives. Je pense à ceux qui voient en lui une
sorte d’annexe de leurs propres croyances religieuses, avec de
forts accents nationalistes.
Entre
2005 et 2010, pendant le mandat de Vintilă
Mihăilescu,
le musée s’est ouvert et a cherché à attirer un public plus
jeune pour stimuler une prise de conscience des traditions, à l’aune
des dynamiques contemporaines et dans une perspective
anthropologique. De toute façon, on ne pouvait s’attendre à ce
qu’un éminent anthropologue comme Vintilă Mihăilescu suive à la
lettre les principes mis en pratique par Horia Bernea. Il ne les a
pas remis pour autant en question dans la mesure où il entendait
justement mettre l’accent sur le dialogue entre le paysan du passé,
représenté dans l’exposition permanente, et le paysan
contemporain, évoqué désormais dans les nouveaux projets exposés.
O.
Ş. : Ceux qui ont perturbé les projections ont-ils une vision
du paysan roumain qui colle au réel ?
L.
P. : Pas vraiment, ils ont en tête le paysan idyllique qui
arbore une chemise traditionnelle… Les chercheurs de notre musée
font un travail de documentation, ils vont sur le terrain, regardent
ce que fait le paysan contemporain, quelle est sa position vis-à-vis
des traditions. Le village vit à un rythme en accord avec les
dynamiques du reste de la société. Nous nous intéressons, certes,
aux grands événements du monde paysan - la naissance, le baptême,
le mariage et l’enterrement -, mais tels qu’ils se déroulent
de nos jours et sans perdre de vue les réalités urbaines.
“Ceux
qui confondent le musée avec une église commettent une grave
erreur.”
O.
Ş. : Le MŢR n’est donc pas un espace sacré.
L.
P. : Certainement pas. Ceux qui confondent le musée avec une
église commettent une grave erreur. Le musée n’a pas à relever
de l’idéologie mais de l’art et de la science. On n’a pas à
décréter : « Si tu n’es pas chrétien (ou si tu es
homosexuel), tu ne viens pas au musée ». Notre société est
fracturée. D’une part, il y a ceux qui ne veulent pas connaître
d’autres mondes. D’autre part, il y a ceux qui veulent les
découvrir et s’impliquer dans ces univers inconfortables. Les
personnes ayant d’autres orientations sexuelles font partie de
notre réalité autant que les systèmes défaillants de la santé et
de l’éducation. Il est d’ailleurs question de l’extrême
pauvreté et de l’exclusion sociale dans l’autre film conspué
par les intégristes, qui se passe dans un quartier déshérité de
Bucarest (Les soldats : Une histoire de Ferentari).
O.
Ş. : Depuis une semaine, vous êtes contestée de toute part.
Vous êtes accusée de bafouer les traditions chrétiennes du paysan
roumain et vous êtes apostrophée parce que vous n’avez pas
condamné l’interruption de la projection du film « 120
battements par minute ».
L.
P. : Les uns et les autres sont dans l’erreur et cette erreur
n’est pas de notre fait. Tout le monde estime savoir ce qu’est
notre musée, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Notre
mission n’est pas de défendre les droits des communautés LGBT. En
projetant ce film, nous avons pris une position qui devrait être
celle de toute autre institution publique, à équidistance des
points de vue existant sur un sujet sensible. Nous avons diffusé ces
deux films afin que le public se familiarise avec certaines réalités
et qu’il se pose des questions. Cela s’est retourné contre nous.
J’ai été accusée d’être lesbienne, partisane de Soros,
étrangère et de bien d’autres choses encore. Je n’ai pas à me
justifier, je dirai seulement que je suis roumaine d’origine
aroumaine, artiste contemporaine et muséographe au MŢR depuis 1996,
une institution dont la mission n’est certainement pas de faire une
quelconque propagande.
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BUCUREŞTI,
(5 feb 2018)
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Departamentul Life - Mediafax
Reacţia Muzeului Ţăranului Român, după
ce proiecţia unui film a fost întreruptă: Protestatarii au confundat
misiunea muzeului cu cea a unor culte religioase
Reprezentanţii
Muzeului Ţăranului sunt de părere că persoanele care au întrerupt,
duminică, o proiecţie a filmului "120 BPM", cu tematică gay, au avut un
mod de comportament generat de "confuzia în a ataşa unei instituţii
publice de cultură o misiune pe care îndeobşte o au cultele religioase".
Reacţia Muzeului Ţăranului
Român, după ce proiecţia unui film a fost întreruptă de credincioşi:
Protestatarii au confundat misiunea muzeului cu cea a unor culte
religioase
O proiecţie a filmului "120 BPM", cu tematică gay, programată duminică
la cinematograful Muzeului Ţăranului Român din Bucureşti, a fost
întreruptă de proteste, în timpul cărora mai multe persoane, afişând
icoane, steaguri şi pancarte anti-LGBT (lesbian, gay, bisexual,
transgender), au intonat cântece bisericeşti.
La proiecţia de duminică de la Muzeul Ţăranului a participat şi
regizorul Tudor Giurgiu, care a scris despre acest incident pe pagina sa
de pe platforma Facebook şi a şi publicat o înregistrare video. În
această înregistrare se pot vedea mai multe persoane, unele având icoane
în mâini, altele afişând steaguri tricolore şi pancarte, pe care se
putea citi "Soros, leave the kids alone" şi "România nu e Sodoma şi
Gomora", în timp ce cântă muzică bisericească.
Într-un comunicat remis MEDIAFAX, reprezentanţii muzeului, care, luni, împlineşte 28 de ani, spun:
"În mod nefericit, protestatarii de ieri, ca şi cei de acum cini ani,
nu au văzut în MŢR un loc al dezbaterii, ci un instrument de propagandă
religioasă, făcând un real deserviciu atât imaginii muzeului, ca
instituţie publică, cât şi principiului toleranţei pe care religia
creştină îl propune ca mod de viaţă. Ne pare rău să constatăm că modul
de comportament al contestatarilor a fost generat de confuzia în a ataşa
unei instituţii publice de cultură o misiune pe care îndeobşte o au
cultele religioase".
"Muzeul Naţional al Ţăranului Român este o instituţie culturală de
prim rang în contextul lumii muzeale româneşti şi europene care, prin
programul său expoziţional şi al acţiunilor culturale realizate,
organizate în parteneriate sau găzduite de-a lungul timpului, a propus o
perspectivă vie asupra tradiţiei şi a fenomenelor corelate acesteia,
chestionând şi valorificând sub diverse forme şi expresii culturale teme
majore ale culturii ţărăneşti şi urbane. Preocuparea constantă de a
documenta şi valoriza problematica lumii şi a societăţii tradiţionale în
relaţie directă cu cea a culturii urbane este deja o marcă a muzeului
nostru şi expoziţiile, acţiunile culturale, conferinţele, publicaţiile
de specialitate ale editurii noastre sunt o mărturie în acest sens. De
peste zece ani, prin înfiinţarea Cinema Muzeul Ţăranului, MNŢR a iniţiat
un proiect cultural de anvergură, deschis publicului ca o activitate
conexă, cu rol de formator cultural şi de dezbatere de idei şi teme
dintre cele mai reprezentative ale fenomenului cinematografic naţional
şi internaţional, fiind gazda celor mai importante festivaluri româneşti
şi internaţionale (premierele celor mai bune producţii cinematografice
româneşti, Les films des Cannes, Docuart, Kinodisseea, Next, Astra film,
Culese din Balkani, Săptămâna Filmului Maghiar, British Documentary,
Audience Award, Dakino, Festivalul Filmului European etc.). Trebuie să
menţionăm caracterul cultural al CMT, al cărui sprijin financiar de la
Europa Cinemas a impus o calitate a proiecţiilor cinematografice oferite
publicului, proporţia covârşitoare a filmelor fiind dedicată
documentarelor antropologice şi etnologice, a filmelor de artă, a
filmelor care tratează probleme psiho-socio-culturale, a filmelor pentru
tineri. Unele dintre acestea au produs dezbateri reale asupra
problemelor şi dramelor contemporane, contribuind la o cunoaştere mai
profundă a societăţii actuale", se arată în comunicatul muzeului.
"În acest sens, ne-am apropiat un public format în mare parte din
studenţi, tineri, specialişti şi doritori de a consuma acte culturale
într-o atmosferă prietenoasă, deschisă interogaţiilor intelectuale şi
ale dialogului productiv. Nu putem fi de acord cu tipul de manifestare
precum cea petrecută ieri seară, din mai multe motive. În primul rând,
am mizat întotdeauna pe decenţa, conduita şi pregătirea intelectuală a
publicului nostru spectator, indiferent de apartenenţele legate de
religie, sex, mediu etc. În al doilea rând, dreptul la vizionare a unui
film nu poate fi încălcat de unii spectatori în detrimentul celorlalţi.
Şi mai grav, cei care nu sunt de acord cu conţinutul unui film nu au
dreptul legal de a agresa verbal sau de orice altă natură pe ceilalţi
spectatori, plătitori de bilet şi aceştia la rândul lor. Dacă cei
implicaţi doreau să protesteze legal ar fi putut să o facă în faţa
instituţiei, păstrându-se în limitele permise de lege. Pe de altă parte,
există astăzi suficiente mijloace de a-ţi arăta dezacordul în probleme
care ţin de subiecte care pot crea divergenţe de opinie. O modalitate de
a dezbate în mod real filmul ar fi fost o discuţie la finalul
proiecţiei, în care am fi putut eventual găsi răspuns la întrebări
precum: unde se termină arta şi începe propaganda, de care filmul este
acuzat. Cu siguranţă puteau fi dezbătute o mulţime de alte probleme pe
care filmul le pune: cât de pregătită şi disponibilă este o societate
actuală pentru rezolvarea unor probleme sociale acute care au impact în
special asupra generaţiilor tinere", potrivit aceluiaşi comunicat.
"Ne afirmăm cu această ocazie dorinţa de a nu fi transformaţi în
terenul minat al unor confruntări care ţin mai degrabă de ideologie
decât de credinţă. Misiunea muzeelor este înainte de toate o invitaţie
la descoperire, reflecţie şi participare adresată fiecăruia dintre noi
fără a restricţiona actul cultural şi libertatea de conştiinţă (...) Nu
în ultimul rând, ne cerem scuze spectatorilor de ieri seară cu regretul
de a le fi prilejuit un moment atât de neplăcut şi îi asigurăm că acest
tip de incidente nu se vor mai repeta", se încheie comunicatul.
Reprezentanţii muzeului mai spun că reprogramarea proiecţiei va fi anunţată ulterior.
Poliţiştii au fost sesizaţi prin apel la 112, mai multe echipaje de la
Secţia 2 deplasându-se la faţa locului. Oamenii legii au stabilit că
protestatarii participau la proiecţie şi la un moment dat s-au ridicat
din sală şi au întrerupt filmul, intonând cântece bisericeşti şi afişând
icoane, steaguri şi pancarte anti-LGBT (lesbian, gay, bisexual,
transgender).
Aceştia au fost amendaţi de poliţişti.
Lungmetrajul "120 BPM", propunerea Franţei pentru premiile Oscar 2018,
este distribuit în România, din 26 ianuarie, de Voodoo Films.
Lungmetrajul "120 BPM", de Robin Campillo, recompensat cu marele premiu
al juriului la ediţia de anul trecut a Festivalului de la Cannes,
porneşte de la fapte reale - acţiunile organizaţiei civice Act Up din
Franţa anilor 1990 -, pentru a vorbi, în cele din urmă, despre o temă
cât se poate de actuală: trezirea din letargie a acelei pături din
societate indiferentă la marile probleme sociale care o înconjoară. Act
Up este considerată a fi precursoarea mişcărilor civice de după anii
2000 care au condus la obţinerea unor drepturi fundamentale pentru
diferite grupuri de minorităţi - de la cele sexuale la cele civice.
Iniţiată în Statele Unite şi extinsă în toată lumea, cu o organizare
extrem de vizibilă şi eficientă în Franţa, se consideră că Act Up a
pregătit terenul pentru teme actuale de astăzi - de la căsătoria între
persoane de acelaşi sex şi până la campania de stopare a agresiunilor
sexuale în industria de film.
În plină epidemie, grupul de acţiune Act Up s-a implicat în viaţa
publică, combătând prejudecata că SIDA este boala persoanelor de la
periferia societăţii şi convingând opinia publică şi autorităţile de
importanţa metodelor de prevenire a acestei maladii şi a tratamentului.
Dincolo de tema principală, "120 BPM" este o poveste sensibilă de
dragoste, plină de forţă şi vitalitate, de emoţie şi compasiune, filmul
fiind aplaudat la scenă deschisă la Cannes minute în şir şi considerat
de revista Variety o înduioşătoare combinaţie între o autobiografie
plină de emoţie şi dramatism, un manifest politic şi un erotism
bulversant şi copleşitor.